« Le Chien » Eugene Gayot 1867
Voyez cet ancien chien de Saint Hubert, il est maintenant trop gros, trop massif ( Charles IX le lui reprochait déjà). Vous tous veneurs vous vous êtes récriés en le voyant, mais ne croyez vous que de là peut sortir une race magnifique ? – croyez vous que le veneur intelligent qui s’occuperait serieusement de cette race et qui irait dans les Ardennes chercher quelque-unes de ces grandes chiennes noir et feu qu’on y trouve encore , chiennes légères, vîtes et vigoureuses, qui les croiseraient avec des chiens comme le Druid de M. Cowen et qui par la suite continuerait son élevage en choisissant pour recroiser les plus vîtes, les plus légers et les plus nerveux n’arriverait pas à produire une race magnifique ?
Avec ce chien on a un type qu’il est facile de perfectionner, car il a du gros , de la santé, du nez ,de la gorge et de plus une grande disposition au change ; on a à combattre le trop gros, le trop grand et le trop lourd, toutes choses hélas ! trop facile à faire disparaitre »
« Espérons donc que nous verrons à nos expositions canines une belle meute de chiens de Saint Hubert complètement régénérés au point de vue de la chasse à courre et devenus de vrai chiens de meute »
1 Le Chien de Saint Hubert
Le chien de Saint Hubert est l’une de nos plus nobles races de chiens courants. C’est M. le Coulteux de Canteleu qui le dit. Or on peut l’en croire, car nul le contredira. L’animal est de haute stature ; souvent il mesure plus de 0,75 à l’épaule. Son pelage, assez court et fin, surtout à la tête et aux oreilles, est d’un noir tirant sur le roux, aux sourcils de feu, aux pattes de la même couleur, oreilles assez longues, reins assez courts, moins haut sur les jambes que le chien normand et moins disciplinable mais plus ardents, donnant sur tout. Chasseurs intrépides ces chiens ne quittent leur animal qu’à la mort et c’est à eux que revient souvent les honneurs de ces chasses extraordinaires dont se glorifiaient les annales de la vieille vénerie.Vers la fin du VII siecle, dit on, Saint hubert introduisit dans les ardennes cette race de chien, qui a pris son nom, et que les abbés de Saint Hubert conservèrent précieusement en mémoire de leur fondateur. Au moment de la conquête des normands ils passérent probablement en angleterre, mais il y eut sans doute ue brande importation sous Henri IV lorsque MM Beaumont ety Dumoustier menérent à Jacques 1er des chiens de France.
Cette race a nécessairement eut ses historiens. L’un des derniers en date, ce n’est pas le moins sûr ; M le Baron de Noirmont, en parle en ces termes.
« Les chiens de Saint Hubert renommés dès le XII siecle sous le nom de chien de Flandre, étaient divisés en deux sous-races, les blancs et les noirs. Ils paraissent descendus de ces chiens belges dont parle Silius Italicus et que le poete latin vante comme excellents limiers pour détourner le sanglier.
« Les plus estimés étaient les chiens noirs anciens, dont les abbés de Saint Hubert en Ardennes, « qui avaient toujours gardé la race en l’honneur et mémoire du saint, qui estoit veneur avec Saint Eustache (Du Fouilloux). Ils étaient de moyenne stature, long de corsage mais bas sur jambe. Ceux de la race pure étaient marqués de feu aux sourcils ( ce qu’on appelait anciennement quatroeillés), avec les jambes de la même couleur. Ils ne devaient point avoir de poil blanc qu’au poitrail.
« Ces chiens étaient lent, de haut nez et trés collés à la voie ; ils chassent de forlonge et par le menu. Leur manque de vitesse leur faisaient préférés la chasse du loup, du sanglier et du blaireau.
« Des ardennes , les chiens noirs de Saint Hubert se répandirent en Hainaut, en Flandres, en Lorraine et en bourgogne, puis de là, jusque dans nos provinces méridionales. Les meutes de l’illustre veneur Gaston Phebus étaient composés de chiens de Saint Hubert »
Ces chiens étaient devenus fort rare en France du temps ou d’Yauville ecrivit (1788) quoique l’abbé de Saint Hubert continué d’envoyer six ou huit au roi en présent chaque année. La race peut en etre considérée comme éteinte sur le continent mais elle semble s’etre conservée pure en angleterre dans celle des Blood-Hound noirs dont nous reparlerons bientôt.
Le chien de Saint Hubert porte en angleterre le nom de Blood-Hound (chien de Sang), comme le notre celle-ci a vieilli, s’est éffacé par l’abandon.Ils servaient jadis à la grande chasse à coure : en ce moment, on ne cite plus qu’un seul équipage, composé d’une quarantaine de tête, et qui soit encore employé à la chasse du cerf. On l’applique toutefois à la poursuite du daim, mais un ou deux animaux suffisent à la besogne. »
Les Bloddhounds fauve, à manteau noir, sont parmI les plus beaux que l’on connaisse ; il y en a aussi de roux uniforme, ou dont le manteau est un peu plus chaud de ton, ou poil de liévre. On les cultive avec soin en angleterre ou la pureté de la race est devenue l’objet d’une attention très suivie.
Les Bloodhounds de Cuba, employés à la recherche des négres marrons, ont le même pelage fauve, mais ils sont moins élégants ; ils sont lourds de forme, ils ont les rides du visage plus marquées, les babines plus grosses et plus pendantes. (voir dans l’ouvrage original la Fig. 74 de la page 38).
« D’où vient le Saint Hubert, d’où viennent les bloodhounds de Cuba et d’Angleterre ? on ne le sait pas bien. Sur la question de l’origine l’ignorance parait être la même pour tous… »
Les anglais donnent pour ancêtre à leurs Bloodhounds leur ancien limier qu’ils déclarent être indigène et qu’ils font naitre du mélange de vieilles races sagaces (habiles) et célères (rapides). M Le Coulteux au contraire, pense que le chien de Saint Hubert à passé chez nos voisins lors de la conquête des Normands, et que plusieurs autres importations successives sont venues fortifier ensuite la premiere.
Les deux opinions peuvent également se défendre, le vieux limier anglais n’est point un mythe, il a existé. Il était très grand, très membrés, très fort. D’un brun rougeatre son poil était ombré par place de teintes plus sombres. Il avait le museau et les mâchoires larges, les oreilles longues et pendantes, de la vigueur et une certaine rapidité. Ses qualités – finesse de l’odorat, force prodigieuse, courage inébranlable- l’ont sans doute rendu précieux pour la chasse de l’ours et du sanglier, mais du jour ou ces animaux sont devenus plus rares et ou ont s’est mis plus communément a la poursuite des plus agiles, ont a cherché, dans les chiens, des auxiliaires nouveaux et variés. Le limier a successivement vieilli , mais en s’en allant il a laissé pour le remplacer dans une besogne tout autre, des variétés à la naissance desquels il a concouru. De là les spécialistes, qui pour ou contre le cerf, qui pour ou contre le renard, le lièvre, que sais-je ?