De La Meute Des Six Chiens

De La Meute Des Six Chiens Chien de Saint-Hubert

Chien de Saint-Hubert

Le Saint Hubert par Le Coulteux de Canteleu 1890

Extrait du Manuel de Vènerie Française -1890- par Le Coulteux de Canteleu

La race des chiens de Saint Hubert, si célèbre dans les fastes de l ancienne vènerie, comprenait deux variétés pareilles de types, mais complètement différentes de couleur, puisque l une était toute noire et l autre toute blanche.
La variété blanche est disparue et c est en angleterre qu elle a été conservée le plus longtemps sous le nom de Talbot, de même que la noire y a été conservée jusqu'à nos jours sous le nom de Blood-hounds. Il est à croire que la variété blanche était la même que la race des Merlants, aussi perdue, et dont parlerai plus loin et peut-être aussi la même que celle des grands chiens blancs du Roi ( qui a donné naissance aux Vendéens ) , puisque Souillard, leur père, est bien désigné dans les vieux auteurs du temps comme un chien blanc de la race de Saint Hubert.
Le variété noire qu'on pense issue des Ardennes, était d'un noir tirant un peu sur le roux, les sourcils marques de feu, les pattes de la même couleur, les oreilles longues et un peu larges, le rein assez long. Ils étaient un peu bas sur jambes et avaient de grandes qualités de chasse, principalement une disposition extraordinaire à garder change. Ils avaient une gorge superbe mais plutôt cogneurs plutôt que hurleurs, leur nez était assez fin, ils avaient beaucoup de fond et de santé et peu de vitesse. Puissants de corsage, extrêmement membres, ils étaient rarement malades, ne craignaient ni les eaux ni le froid, ils chassaient à merveille dit- on le loup et le sanglier, mais j en doute un peu, car leurs descendants m'ont toujours marqués une préférence pour la voie du cerf sur celle du sanglier. Ils étaient assez méchants entre eux, et même pour l'homme. En ceci ils ont un caractère particulier : beaucoup plus attachés à l'homme et à leur maître que ne le sont ordinairement les biens courants, ils sont très doux pour celui qui les soigne, et particulièrement pour les enfants, mais si on les bat ou si on les maltraite, ils deviennent terribles.
Au seizième siècle, Charles IX leur reprochait, lorsque le change bondissait, de ne plus chasser ni le change ni le droit, ce qui prouve bien leur sagesse et leur tendance à ne pas faire changé. En somme ils sont bons, dit-ils, pour"des gens qui ont les gouttes" et non pour ceux qui font métier d'abréger la vie du cerf. On sait que Charles IX aimait à aller extrêmement vite et a étouffer l'animal qu'il attaquait.
On tirait de cette race d'excellents limiers, et tous les ans jusqu'en 1789 les abbés de Saint-Hubert en envoyaient six au Roi.
À la fin du règne de Louis XIV, ils étaient déjà rares et il n'y en avaient plus que quelques meutes chez les gentilshommes du nord de la France, qui les préféraient à tous les autres chiens, dit la Briffardiere, parce qu'ils chassaient toute espèce de bêtes.
En France on en trouve presque plus, et encore ceux qu'on pourrait rencontrer dans les Ardennes ou les environs sont tellement croisés, qu'ils n'ont plus guère les caractéristiques de la race. Ceux qu'on trouve, généralement légers et vites, sont devenus exactement le contraire de ce qu'ils étaient sous le règne de Châles IX, car ils ne sont guère de change, sont d'un assez grand pied et aiment beaucoup la voie du chevreuil. En Angleterre cette race, qui probablement y avait été introduite du temps de la conquête e même avant, et dont on avait depuis importe principalement sous Henri IV des meutes entières ( entre autre celles amenées à Elisabeth par M. De Beaumont), à été précieusement conservée dans ses formes, ses qualités et ses défauts sous le nom de Chiens de sang ( c'est à dire de pure sang), Blood-Hound. Gardes au nombre d'un couple ou deux dans plusieurs des grands châteaux de l aristocratie anglaise, rarement employés à la chasse, quelquefois mêmes croisés avec des massifs, ils ont perdu un peu de leur forme et quelques-unes de leurs qualités par les mêmes raisons. Mais chez les grands seigneurs, ces chiens employés dans les parcs à chasser les daims que l'on voulait tuer au milieu des troupeaux d'animaux, ont perpétue leurs qualités de chasse e surtout de change, et certaines familles conservées avec soin, comme celles de Grantley d'où venait le vieux Druid de Jennings, donnent encore naissance à des chiens de chasse superbes et doués de grandes qualités. Rien n'était meilleur à la chasse que les chiens de M.Holford.
Pas un chien n'est plus facile à mener à la chasse, ni plus obéissant , ni plus sur. Change, aucun ne reste plus obstinément sur son animal au milieu de cinquante autres, qu'un bon Blood-Hound. À la chasse pour laquelle depuis tant d'année il a pris l amour du cermet du daim et un bon Saint-Hubert, ce qui est la même chose, est capable non seulement de maintenir seul son cerf ou son daim au milieu de toute espèces d'animaux, mais même de le porter bas à lui tout seul.
Le chien de Saint Hubert actuel est très grand ( de 0,69 à 0,80 m) il a le poil court mais assez épais, et fourre en dessous d'un poil court et doux. Le feu foncé avec une teinte plus noire sur le dos est la couleur la plus estimée. Sa tête à un caractère tout particulier, qui dénote la race pure chez ceux qui la possèdent. Elle doit être longue et plutôt étroite que large, surtout chez les chiennes, garnie de plis et de rides. Le crâne est assez étroit et les lèvres pendantes, la lèvre supérieure retombant un peu sur la lèvre inférieure. Les oreilles doivent être minces placées bas et très longues. Le front assez haut et bombe, est terminé par une point assez proéminente en arrière, comme chez le Normand.Les yeux enfoncés laissent voir la conjonctive.le cou est assez long et garni de plis avec du fanon, les épaules obliques, les pattes larges et puissantes, les pieds bien faits, les ongles noirs ainsi que la sole, qui est très dure et résistante. La poitrine n'est ni très profonde ni très large, les hanches sont fortes, la queue attachée assez haut, mais assez souvent recourbée, les jarrets un peu coudes, les canines sont presque aussi fortes que celles du loup. L'ossature est très puissante.
Comme j'ai eu élevé plus de trois cents de ces chiens, je puis certifier qu'ils ont un excellent caractère, ils sont très fidèles à leur maître et remarquable pour la retraite à la chasse.ils aiment beaucoup à être caresses et choyés et ne font jamais de mal aux enfants qu'ils affectionnent beaucoup. Leur caractère ne change que si on les bat ou les malmène: ils deviennent alors redoutables, mais ils sont ordinairement si obéissants, qu'il est rare d'avoir à les frapper. La chienne diffère considérablement du chien, elle est presque toujours beaucoup plus petite et beaucoup plus mince dans la race pure. Je n'ai pas vu de races de chiens courants ou la différé soit aussi grande entre le mâle et la femelle.
En somme c'est une belle race, dont on devrait s'occuper davantage et qui demande à être conservée, car c'est celle qui réunit le plus les qualités du chien anglais à celles du chien français : d'un côté facilité à être créance, santé robuste, grand fond, obéissance facile, de l'autre, ténacité à sa voie dans les fourrés, belle gorge et nez suffisant, sans être très fin.